Selon l’enquête Share, étude menée par Börsch-Supan et ses collègues il y a déjà près de 20 ans, les séniors de 50 à 65 ans occupant un emploi présentent des réalités diverses en Europe. Cette enquête, menée auprès de 22 000 individus dans dix pays européens, nous offre un éclairage intéressant sur les différences marquées dans la structure du marché du travail et les comportements d’activité qui sont toujours d’actualité.
L’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, l’Espagne, la France, la Grèce, l’Italie, les Pays-Bas, la Suède et la Suisse ont tous participé à cette étude. Un total de 6 284 personnes âgées de 50 à 65 ans, employées à l’époque de l’enquête, a été inclus dans cette étude. Parmi elles, 42 % étaient des femmes, bien que ce chiffre varie considérablement d’un pays à l’autre.
Il convient de noter que la structure démographique de cette tranche d’âge varie également considérablement selon les pays. Par exemple, seulement 6 % des Autrichiens et 5 % des Français sont âgés de 60 à 65 ans, tandis que plus de 20 % des Suédois, des Suisses et des Grecs le sont. Ces variations entre les pays soulignent l’importance des différences de structure du marché du travail, des comportements d’activité et des contextes institutionnels.
L’étude a également examiné plusieurs indicateurs de santé, y compris la santé perçue, un indicateur de dépression calculé à partir du score Euro-D, les limitations d’activité et les déclarations de maladies chroniques.
De plus, l’enquête Share a posé neuf questions sur les conditions de travail, se basant sur les modèles de Karasek et Theorell (1991) et Siegrist (1996). Les questions abordaient des sujets tels que la pression ressentie au travail, la latitude décisionnelle et la reconnaissance obtenue. Pour analyser les réponses, les chercheurs ont utilisé la méthode proposée par Siegrist et al. (2005), consistant à additionner les réponses des enquêtés.
En ce qui concerne la santé et les conditions de travail, tous les travailleurs européens ne sont pas sur un pied d’égalité. La perception de la santé parmi les travailleurs âgés diffère grandement selon le pays. Par exemple, 74 % des Italiens se perçoivent en bonne santé, contre 91 % des Suisses, 86 % des Danois et 87 % des Grecs. De même, la proportion de seniors ne souffrant pas de maladie chronique ou ne déclarant aucune limitation d’activité varie également de façon importante selon les pays.

En conclusion, les résultats de cette étude mettent en évidence une grande diversité dans le marché du travail européen. Ils soulignent l’importance des contextes nationaux dans la compréhension des conditions de travail et de la santé des travailleurs âgés.
Ainsi, il est essentiel de prendre en compte ces variations pour concevoir des politiques de travail adaptées aux seniors, qui peuvent aider à améliorer leurs conditions de travail et leur bien-être.
Ces différences ne s’expliquent pas uniquement par l’état de santé des individus, mais aussi par des facteurs socio-économiques et culturels propres à chaque pays. Par exemple, les différences de niveau d’éducation, d’histoire, de système de protection sociale, et de culture sont souvent mises en avant pour expliquer ces variations.
Par conséquent, au-delà des efforts pour améliorer la santé des travailleurs âgés, les décideurs doivent également tenir compte des divers contextes nationaux lors de l’élaboration des politiques de travail. Les implications d’une telle diversité peuvent aider à façonner une approche plus inclusive et équilibrée du travail des seniors en Europe.
En somme, l’enquête Share s’avère être un outil précieux pour éclairer les spécificités du marché du travail européen, et les conditions de travail et de santé des travailleurs âgés. Il s’agit d’un point de départ pour des recherches futures visant à comprendre et à améliorer la situation des travailleurs âgés dans l’ensemble de l’Europe.
En continuant à étudier et à comprendre ces différences, nous pouvons espérer parvenir à une Europe où chaque travailleur âgé est soutenu, reconnu et en bonne santé, quel que soit son pays de résidence.